lière, qui fut effrayé de cet extravagant projet, parce qu’il connoissoit le vin de ses amis. Pendant qu’il se levoit, la Troupe avoit gagné la rivière ; et ils s’étoient déjà saisis d’un petit bateau, pour prendre le large, afin de se noyer en plus grande eau. Des Domestiques, et des gens du lieu furent promtement à ces débauchés, qui étoient déjà dans l’eau, et les repêchèrent. Indignés du secours qu’on venoit de leur donner ils mirent l’épée à la main, courent sur leurs ennemis, les poursuivent jusques dans Hauteuil, et les vouloient tuer. Ces pauvres gens se sauvent la plupart chez Molière, qui voyant ce vacarme dit à ces furieux : « Qu’est-ce que c’est donc, Messieurs, que ces coquins-là vous ont fait ? — Comment ventrebleu, dit J…, qui étoit le plus opiniâtré à se noyer, ces malheureux nous empêcheront de nous noyer ? Écoute, mon cher Molière, tu as de l’esprit, voi si nous avons tort. Fatigués des peines de ce monde-ci, nous avons fait des-
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