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Un siècle plus tard, sous Louis XIII, le violon, qui avait remplacé avantageusement le dessus et le pardessus de viole, étant devenu, par ses brillantes qualités, l’instrument principal de ce groupe, imposa son nom à toute la Bande qui reçut le titre des vingt-quatre Violons du Roy, et cela, bien que les parties intermédiaires et graves y fussent encore exécutées sur des tailles et sur des basses de viole.

Les vingt-quatre violons étaient non seulement chargés de faire de la musique en diverses circonstances, mais aussi de figurer comme acteurs dans les ballets en jouant de leur instrument.

Nous croyons que Vidal fait erreur, lorsqu’il dit que ces artistes étaient vêtus aux frais du trésor royal, car la pièce comptable qui lui sert à appuyer son dire, et que voici, ne concerne exclusivement que des costumes pour un ballet :

168 aunes de taffetas incarnadin pour 24 grandes robes pour habiller les 24 violons du roi 
672 livres.
48 aunes de bougran incarnadin pour les dictes robes 
28 livres.
360 aunes de passementerie or et argent pour les dictes robes 
73 livres.
24 aunes de gance d’or 
3 livres 12 sols.
16 onces de soye incarnadin pour coudre les dictes robes 
19 livres 8 sols[1].

Peut-être les vingt-quatre violons recevaient-ils des vêtements, comme les anciens ménestrels, mais il faudrait un autre document pour établir ce fait. En tous cas, ils faisaient partie de la Maison du roi, en qualité d’officiers domestiques et commensaux, et bénéficiaient, à ce titre, de privilèges très nombreux. Ainsi, ils étaient exonérés :

« Des emprunts généraux faits dans les villes, de quelque nature qu’ils fussent ; du paiement des deniers qui se levoient pour fournitures de vivres et munitions de guerre,

  1. Extrait des comptes de dépense pour le ballet du Roy, 1625, F. Danjou, Archives curieuses, etc., 2e série, t. IV (cité par Vidal).