Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cordes. Plolémée désigne son monocorde sous le nom de canon qui signifie règle, dans ses Eléments harmoniques. Puis, on se servit bientôt du même instrument pour enseigner la musique vocale, afin d’apprendre l’intonation des sons aux élèves.

Le monocorde employé à cet usage fut d’abord une simple caisse carrée, oblongue, à surface plane en bois de cèdre ou de sapin, à chaque extrémité de laquelle se trouvait un chevalet immobile. Une corde de boyau ou de métal était tendue sur ces deux chevalets, attachée à demeure d’un côté de la caisse et de l’autre à une cheville qui permettait de la tendre à volonté. Sous cette corde, on promenait un chevalet mobile, nommé magas, que l’on fixait de distance en distance aux différents endroits indiqués sur la table de l’instrument, par une ligne parallèle à la corde, qui rendait un son plus ou moins élevé, selon la place occupée par le chevalet.

Régulateur par excellence, il fut appelé indifféremment : canon harmonicus, régula harmonica, monocorde, et quelquefois aussi du nom de son chevalet diviseur ou sillet mobile, c’est-à-dire magas ou magadis, sous lequel on a également désigné une sorte de petite harpe grecque, d’une espèce particulière et d’origine orientale.

Presque tous les anciens traités de musique et de mathématiques contiennent des descriptions et des dessins de cet instrument dont la forme a peu varié. Celui qui est reproduit ici a été dessiné d’après Gerbert[1].

L’emploi du magas ou sillet mobile devait offrir de grands inconvénients pour l’étude de la musique vocale. Il fallait, en effet, quand l’élève avait chanté une note et saisi l’intonation, qu’il attendît que le chevalet fût d’abord déplacé, puis replacé à un autre endroit avant d’obtenir l’indication d’un nouvel intervalle.

  1. Ouvrage déjà cité.