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Mignard, qui fait jouer de la harpe à sa Sainte Cécile, coiffée d’un turban, a également placé une basse de viole près d’elle.

Il existe encore quantité de tableaux que nous pourrions citer, et sur lesquels la viole mise entre les mains et les jambes du modèle est toujours une « viola a gambe ».

On ne sera donc pas étonné d’apprendre que les violistes les plus célèbres, furent presque exclusivement des joueurs de basse de viole.

Voici les plus réputés de France :

Claude Gervaise, violiste de la chambre sous François Ier. Cet habile artiste a publié, en 1556, un livre de pièces de viole, à quatre parties, qui sont très remarquables comme facture pour l’époque. Elles offrent même un détail assez intéressant au point de vue de l’écriture musicale, il n’y a pas une seule barre de mesure, mais seulement des doubles barres avec des points pour indiquer les reprises. Fétis, qui ne les avait sans doute pas vues, dit qu’elles sont écrites à cinq parties[1] ; nous n’en avons trouvé que quatre, elles sont désignées sous les noms de : superius, contraltus, tenorus et bassus.

Granier, dont il a été parlé à propos du page enfermé et chantant dans une basse de viole.

Maugars, ou Maugard, violiste de la chambre sous

    tient à la fois de la basse de viole, du violoncelle et de la mandoline, entre les mains de sa belle statue en marbre, la Musique, qui orne l’Hôtel-de-Ville de Paris ; et l’on s’explique très bien les raisons qui l’ont amené à le faire ainsi.

    Il fallait un instrument pour symboliser la musique. Le violon avait été déjà choisi par M. Delaplanche pour une statue symbolique du même genre. La lyre, c’était peut-être un peu pompier, puis il est de convention en art que la lyre personnifie la poésie. Une flûte n’aurait sons doute pas donné le mouvement si gracieux des bras qui a été obtenu avec une basse d’archet. Mais voilà, une basse d’archet, violoncelle ou basse de viole, c’est gros ; les éclisses y sont hautes, l’ensemble devenait lourd ; c’est pourquoi la caisse a été rétrécie, arrondie par derrière, le manche allongé et finalement le tout monté sur une pique. De cette façon, rien ne masque la gracieuse figure, que l’on peut regarder de n’importe quel côté. Malheureusement l’instrument n’a pas de sexe, il est composite, et s’il s’harmonise merveilleusement avec le sujet dont il n’est que l’accessoire, par contre, il serait assez difficile dans la réalité d’en tirer des sons heureux.

  1. Biographie universelle, 1re édit., Paris, 1836.