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à exécuter sur le crouth, et comme les Bretons passent pour avoir chanté, des premiers, à plusieurs parties, il était tout naturel que l’instrument des bardes imitât et produisît les mêmes effets que les voix.

L’archet a donc été, sinon inventé, tout au moins utilisé dès ses débuts, pour faire entendre des harmonies soutenues.

Ce fut aussi son principal rôle sur la plupart des instruments du Moyen Age et de la Renaissance, qui étaient disposés et accordés non seulement en vue de jouer des mélodies, mais encore pour exécuter des accords, ou plutôt des consonances, ce que Jérôme de Moravie appelle : le plus difficile, le plus solennel et le plus beau dans l’art. Aujourd’hui, le violon est devenu l’instrument brillant que l’on connaît, et c’est encore à l’archet que l’on s’adresse pour obtenir les belles sonorités, chaudes et vibrantes de l’orchestre.

Un autre instrument à archet, non moins ancien que le crouth, était également connu en Europe, sous le nom de lyra. On ne trouve son dessin qu’au ixe siècle, mais il est hors de doute qu’il devait exister bien longtemps avant cette époque. Monté d’une seule corde, on ne pouvait y faire des successions d’accords, il servait vraisemblablement pour doubler les voix, soit à l’unisson ou à l’octave.

Voilà qui est bien établi, l’Europe possédait deux instruments à cordes et à archet, vers le milieu du ve siècle. Venaient-ils du nord ou du midi ? On n’en sait rien au juste ; mais on connaît très exactement leurs noms, leurs figures, la disposition et le nombre de leurs cordes ainsi que les services musicaux qu’ils rendaient, et c’est déjà quelque chose, c’est même beaucoup. L’histoire ne s’établissant