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« Notre impression première, à la vue de cette basse, nous avait fait croire à un instrument composite dont le fond seul pouvait être daté rationnellement du xviie siècle. Nous avons été heureux de voir partager notre avis par M. Mahillon, puis par M. Chardon, luthier à Paris[1]. »

Nous sommes aussi d’avis que cette basse est composite, que le fond et les éclisses sont incontestablement de Duiffoprugcar, et qu’il n’y aurait rien d’impossible à ce que la table que l’on y voit actuellement provînt d’une viola a gambe de Barak Norman, car elle rappelle le travail du célèbre luthier anglais.

On doit certainement beaucoup regretter que la table primitive ait été remplacée, sans doute à la suite de fâcheux accidents qui la rendaient irréparable ; accidents, ne pouvant arriver au fond, lequel est doublé, sinon triplé, à cause du travail de marqueterie. Mais cela n’empêche que, même dans son état actuel, la basse de viole au plan de la ville de Paris ne soit un document du plus haut intérêt pour l’histoire de la lutherie, et tout à fait digne du musée de Bruxelles.

En somme, Duiffoprugcar a laissé de beaux instruments, mais n’a pas fait école, car il semble s’être préoccupé davantage de la décoration que de l’épaisseur des tables. Or, dans un instrument, il faut d’abord rechercher une belle sonorité ; l’ornementation ne doit venir qu’après et jamais au détriment du son. Toutefois, son influence fut très heureuse pour l’élégance des formes.

À partir du xviiie siècle, il y eut des luthiers en France, en Angleterre et en Allemagne, qui construisirent quantité de violes de toutes tailles, et cela, jusqu’à la fin du siècle dernier. Un grand nombre de ces instruments sont fort beaux et peuvent rivaliser avec ceux des différentes écoles italiennes.

  1. Ouvrage déjà cité.