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produits très fidèlement. Au bas, sur le devant d’une élégante tablette est inscrit le nom de Gaspard Duiffoprugcar, suivi d’une devise latine[1], puis son âge en chiffres romains et les initiales de Pierre Wœiriot de Bouzey avec la date de 1562.

En résumé, comme le dit fort bien le Dr Coutagne :

« La gravure de Wœiriot nous apprend à elle seule que Duiffoprugcar a été un luthier éminent et qu’il est né vers l’année 1514. Elle nous renseigne sur les caractères des instruments qu’il a fabriqués, sur la marque dont il les signait et sur sa devise. »

Le musée Donaldson à Londres, possède une charmante « viola a gambe » de Duiffoprugcar, qui est un des plus purs modèles de ce maître. Cet instrument, que nous avons vu il y a quelques années dans l’atelier de M. Chardon, avant qu’il ne le cédât à M. Donaldson, est en parfait état de conservation. Seuls, le cordier et le chevalet ont été très habilement refaits par M. Chardon. Nous le reproduisons d’après une photographie que M. Donaldson a bien voulu nous communiquer.

On peut supposer, étant donné la forme des échancrures sur les côtés de la caisse, que c’est une « viola a gambe » de dame, ou plutôt une « viola a gambe » ténor, car elle est d’assez petites dimensions, la longueur totale du corps sonore n’étant que de 65 centimètres. Montée de six cordes, le cheviller se termine par une tête de cheval finement sculptée. Les ouïes sont découpées en forme d’ailes. Le vernis, rouge brun clair, en est fort beau, et l’ensemble de l’instrument d’une rare élégance. La table supérieure est unie ; celle du fond est ornée de marqueterie en bois de couleur représentant sur les côtés des bouquets

  1. Viva fui in sylvis ; fui durà occisa securi.
    Dum vixi, lacui ; mortua dulce cano.

    J’ai été vivante dans les forêts. La hache cruelle m’a tuée. Vivante, j’étais muette ; morte, je chante doucement.