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vont retrouver leurs chevilles, qui sont placées à l’extrémité du cheviller. Elles ne peuvent être actionnées, ni par les doigts, ni par l’archet. Elles vibrent par sympathie, à l’unisson de leurs sœurs, les cordes supérieures, chaque fois que l’on émet sur ces dernières un son qui correspond harmoniquement avec les leurs.


lyra à gambe à douze cordes, dont deux en bourdons
D’après Prætorius
(début du xviie siècle).
C’est le principe de la harpe éolienne appliqué aux instruments à archet, avec cette différence toutefois que, dans la harpe éolienne, les cordes vibrent au contact de l’air, tandis que dans la viole d’amour ce sont les vibrations des autres cordes qui font résonner les cordes métalliques.

Cette adjonction de cordes harmoniques n’augmente pas beaucoup le son de la viole, mais elle le prolonge, l’adoucit et le rend plus pur.

Le nom charmant de viole d’amour, qui lui a été donné, définit avec une grande poésie l’union de ces deux jeux de cordes, semblables à deux cœurs amoureux, dont l’un, tendre et timide, vibre à l’unisson de l’autre par sympathie.

La sarangie ou sarungie du Bengale, étant montée de quatre cordes de boyau et de onze cordes métalliques, Fétis en conclut que l’idée des instruments à archet et à double espèce de cordes appartient à l’Hindoustan, et dit : « La viole d’amour était connue antérieurement à Constantinople, où on la retrouve encore. Il paraît que c’est de cette ville que l’instrument a pénétré en Hongrie, par la Valachie et la Serbie… La viole d’amour et le baryton sont nés de ce principe de résonance