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en bas de la table, tout près de la place où la corde était attachée.


trummscheit ou trompette marine allemande à deux cordes
D’après Luscinius
(xvie siècle).
La forme de ce chevalet n’est pas très accusée sur le dessin du « Trummscheit » ou trompette marine que donne Luscinius. Cet instrument qui est monté de deux cordes, dont la plus petite sonnait l’octave de la principale, a son cheviller renversé, comme l’était celui du luth. L’archet qui est à côté paraît être d’une solidité à toute épreuve.

Les Allemands nommaient encore la trompette marine : Trummelscheit, Trompeten-Geige (violon-trompette), Nonnen-trompett (trompette de nonne), ou bien Nonnengeige (violon de religieuse), et cela parce que cet instrument était pratiqué par les religieuses dans leurs couvents, pour suppléer la trompette, lorsque aucune d’elles ne savait jouer de cette dernière. On assure même que cet usage s’était conservé dans quelques cloîtres d’Allemagne jusque vers la fin du xviiie siècle. Kastner raconte ainsi cette bizarre coutume :

« Les religieuses, dit-il, cultivaient autrefois des instruments dont l’emploi est aujourd’hui principalement réservé aux hommes, et dont les femmes ne jouent que par exception. Elles donnaient du cor, sonnaient de la trompette et jouaient de la flûte. Elles faisaient résonner les cordes des violes et, plus tard, celles du violon, du violoncelle, de la contrebasse, etc. Dans quelques couvents de l’Allemagne, elles sont restées fidèles à cette coutume. Tous ceux qui sont allés à Lichtenthal, près Baden, ont pu entendre les religieuses du couvent de