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assez près de l’attache-cordes, lequel rappelle ceux des instruments à cordes pincées, tels que luth et la guitare.

II

C’est sans doute vers la fin du xve siècle, ou au début du xvie que le monocorde changea son nom en celui de trompette marine. Celui-ci fut motivé par l’adjonction d’un petit chevalet mobile que l’on mettait sous la corde et qui produisait des trépidations imitant, selon les auteurs du temps, le son timbré de la trompette ; mais pourquoi disait-on trompette marine ? On l’ignore, et aucune des explications données jusqu’ici n’est admissible. Ce qu’il y a de bien certain, c’est que l’art des constructions navales n’a rien à y voir.

On ignore aussi l’époque exacte où fut introduit le chevalet sautillant. Nous pensons que le hasard y fut bien pour quelque chose et que cet accessoire si caractéristique de la trompette marine n’est que l’ancien magas du monocorde des mathématiciens. On se souvient que ce chevalet diviseur était mobile et qu’il fallait le déplacer à tout instant pour obtenir l’indication d’un nouvel intervalle.

L’application de l’archet au canon harmonicus devait certainement occasionner des trépidations fort désagréables au magas ; mais ces trépidations ayant l’avantage d’augmenter le volume du son, c’est sans doute dans le but de renforcer la sonorité du grand monocorde que l’on y mit un chevalet de ce genre.

Ce chevalet, sur lequel passait la corde, était en bois et avait la forme d’un petit soulier. Son pied le plus large était fixé à la table d’harmonie, tandis que l’autre bout, mince et allongé en forme de queue, reposait sur une petite plaque d’ivoire ou de verre incrustée dans la table. Il s’agitait légèrement quand on frottait la corde avec l’archet. On le plaçait