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ment dit sur la table de résonance, est tendue une longue corde à boyaux qu’on fail vibrer par le moyen d’un archet fait avec des crins de cheval enduits de colophane. Quelques-uns ajoutent une seconde corde plus courte de moitié que la première, afin de renforcer celle-ci par son octave aiguë.
dicorde
Manuscrit de Froissard (xve siècle).
Cet instrument doit être fort ancien. Les musiciens ambulants en jouent dans les rues. L’extrémité pointue, où sont fixées les chevilles, est appuyée contre la poitrine de l’exécutant ; l’extrémité triangulaire opposée est placée en avant du musicien. On soutient l’instrument de la main gauche, et l’on effleure légèrement les cordes avec le pouce de la même main. La main droite fait manœuvrer l’archet[1] »

Le même auteur dit encore :

« Le son en est plus agréable de loin que de près. »

On vient de voir que cet instrument n’était pas toujours monté que d’une seule corde ; il portait alors les noms de dicorde ou de tricorde, selon qu’il en avait deux ou trois.

La charmante peinture murale, du xive siècle, représentant des sirènes musiciennes, qui était dans la tour de l’ancien évêché de Beauvais (dont la gravure est placée en tête de ce chapitre), nous montre un exemple d’un très élégant dicorde. Comme on n’y voit pas d’archet, on peut se demander s’il était à cordes pincées ou frottées.

  1. Prætorius. Ouvrage déjà cité.