Il n’y aurait rien d’impossible à ce que le nom de la gigue vînt de gigot. Emile Gouget dit :
« Jambon, Jambonneau. — Violon (argot d’orchestre). La couleur et la forme de ces deux objets ont quelque analogie. À ceux qui, trouvant ce rapprochement bizarre, s’indigneraient de voir la charcuterie envahir le domaine de l’art, nous rappellerons qu’au xviie siècle la contrebasse du hautbois était appelée cervelas et qu’au Moyen Âge on se servait d’un violon à trois cordes, la gigue (de gigua, jambe, cuisse), ainsi nommée à cause de sa ressemblance avec un gigot[1] »
Quoi qu’il en soit, la gigue était très estimée des jongleurs et des ménestrels ; les trouvères parlent rarement de la harpe, de la vièle et de la rote, qui étaient les instruments les plus recherchés, sans la nommer. Guillaume de Machault la désigne sous le nom de gingue dans son poème sur la Prise d’Alexandrie :
Là avoit de tous instrumens ;
Et s’aucuns me disoit : Tu mens.
Je vous dirai les propres noms
Qu’ils avoient et les seurnoms,
Au moins ceuls dont j’ai connoissance
Se faire le puis sans ventance ;
Et de tous les instrumens le roy
Dirai le premier, si comme je croi :
Orgues, vielles, micamon,
Rubèbes et psaltérion,
Leus, moraches et guiternes
Dont on joue por les tavernes ;
Cimbales, cuitolles, nacquaires,
Et de flaïos plus de X paires
C’est-à-dire de XX manières.
Tant de fortes comme de legières ;
Cors sarrazinois et doussaines,
Tabours, flaustes traversaines,
Demi-doussaines et flaustes
Dont droit joue quand tu flaustes :
- ↑ Argot musical, Paris. 1892.