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il portait les noms de rabbel ou arrabel en Espagne, et de rebeca en Portugal. Pendant la première moitié du xixe siècle, on le retrouve en Bretagne ; et, de nos jours, il figure encore dans les concerts rustiques sous les noms de lyra en Grèce et de goudok en Russie. Ajoutons que les Orientaux emploient toujours le rebab.

Ménage dérive du rabel des Espagnols, dérivé lui-même de l’arabe, le mot français rebec que d’autres font venir du celtique reber.

Kastner n’est pas très heureux lorsqu’il dit que le crwth trithant est l’ancêtre présumé du rebec. Parlant des barz de village bretons, qui passent pour les descendants directs des anciens ménestrels ou bardes, il cite le passage suivant de M. Hersat de la Villemarqué :

« Ces barz, à l’exemple de leurs ancêtres, célèbrent les actions et les faits dignes de mémoire ; ils dispensent avec impartialité à tous le blâme et la louange, et pour relever le mérite de leurs chants, ils s’accompagnent des sons très peu harmonieux d’un instrument de musique à trois cordes, nommé rebek, que l’on touche avec un archet, et qui n’est autre que la krouz ou rote des bardes gallois et bretons du vie siècle[1]. »

Un peu plus loin, à propos du rabel des Espagnols, il ajoute :

« Quelques-uns croient que cet instrument tire son origine de la rubèbe et n’en est qu’une imitation[2]. »

Il est bien évident que le crouth à trois cordes et le rebec sont des bas instruments qui ont surtout été employés par des ménétriers de second ordre. Mais de là à leur donner la même origine, il y a loin, et l’on s’explique difficilement que Kastner donne pour ancêtre présumé au rebec à fond bombé le crouth, dont la caisse de résonance était plate avec des

  1. Le nom du rebec, en bas-breton, est rebet, et celui qui en joue est appelé rebeter. Dict. de la langue bretonne, par D. Louis Le Pelletier.
  2. G. Kastner. Danses des Morts.