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du Méril[1] nous apprend que le lai était un air, un accompagnement, qui devint assez célèbre pour désigner un certain genre de poésie, mais que, dans le principe, on ne l’appliquait qu’au travail du musicien.

Il y avait des lais pour chaque instrument, mais ceux de rote paraissent avoir été les préférés de Marie de France :

Le lais escontant d’Aiëlis
Que hum Yrois doucement note
Moult le sonne en sa rote.

(Lai de l’Espine.)

Elle y joignait quelquefois celui de harpe :

De cest Cunte K’oi avez
Fu Gegemer le lai trovez,
Qu’hum dist en harpe è en rote :
Boine en est à oïr la note.

La rote a donné son nom aux rotruenges, chansons à ritournelles ou à refrain :

Assez aves oi chançons
Et Ions respis et nouviaux sons
Dire fables et rotruenges
Lais de rotes et de nouvielles
Et autres mélodies belles.

(Roman des Sept Sages.)


Mult or à la cort jugléors
Chantéors, instrumentéors.
Mult poissiez oïr chançons
Rolruenges et noviax sons,
Vièleures, lais et notes,
Lais de vièles et de rotes
Lais de harpes et de frétiaux
Lyres, tymbres et chalumiaux
Symphonies, saltérions,
Monocordes, cymbres, corrons.

(Roman de Brut.)
  1. Edélestan du Méril. Histoire de la poésie Scandinave, p. 299 et suivantes.