Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’enfouit sous terre et fut reconnu par un soldat qui avait servi sous ses ordres. Celui-ci prévint le roi Athelstan, qui regretta vivement de n’avoir pas reçu cet avis au moment où son ennemi était encore en son pouvoir ; mais il s’en vengea le lendemain en mettant l’armée d’Anlaf en déroute.

L’anecdote suivante montre la confiance et la considération qui étaient accordées aux ménestrels, même à une époque où ils avaient déjà beaucoup perdu de leur prestige.

la belle josiane, déguisée en jongleresse chante en s’accompagnant sur une vièle à cinq cordes pour se faire reconnaitre de son ami bewis
Miniature du Roman de Guion (xiiie siècle).

En 1316, le jour de la Pentecôte, Édouard II célébrait sa fête à Westminster ; il était à table, entouré de ses pairs, lorsqu’une femme, vêtue et parée comme un ménestrel, entra dans la salle sur un grand cheval richement harnaché, comme en avaient d’ordinaire les poètes-chanteurs. Après avoir tourné autour des tables, elle s’approcha de celle du roi et mit un placet devant lui, puis elle salua, piqua son cheval et disparut. Ce placet contenait une remontrance au roi sur les faveurs qu’il prodiguait à ses favoris, tandis qu’il négligeait ses plus braves chevaliers et ses plus fidèles serviteurs. Les courtisans blâmèrent le portier d’avoir laissé