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Un sien vielor qu’il a
Qu’on appelle arrort Jonglet,
Fit appeler par un varlet.
Il est sage et grant apris,
Et savoit oi et apris,
Mainte chanson et maint biau conte[1].

Mais il y avait aussi des femmes menestrelles. La belle Dœte, de Troyes, l’une des plus renommées, était également au nombre des poètes chanteurs de l’empereur Conrad, à Mayence[2].

À cette même cour de Conrad, Hue de Braie Selve, ménestrel français, y enseignait la danse :

L’empereres le tint molt cort,
Que li apprist une dance,
Que firent pucelles de France
À l’ormel de Tremelli.

Colin Muset, dont nous avons déjà donné plusieurs fragments de poésies, était un viéleur non moins estimé ; mais Adenès li rois est un de ceux qui honorent le plus la vièle et la ménestrandie. Trouvère et ménestrel de Henri III, duc de Brabant, un de ses ouvrages obtint le chapel de rose dans un Puy d’amour et lui valut son surnom. Ce poète est l’auteur des romans de Cléomadès, qui contient 18 688 vers, Les enfances d’Ogier le Danois, Aymeri de Narbonne et de Berthe et Pépin. On le représente, sur une miniature de son roman de Cléomadès, la tête couronnée, à demi agenouillé devant la reine Marie de France et tenant sa vièle à la main[3].

  1. Fauchet. Antiquit.. p. 577.
  2. Li Menestrel de mainte terre.
    Oui ere venue por aquerre,
    De Troie la belle Dœte
    I chantoit cette chansonnette :
    Quand revient la seson
    Que l’herbe reverdoie.

  3. Vidal a reproduit cette miniature, dont l’original est à la bibliothèque de l’Arsenal.