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Timbres y avoit et araines,
Psaltérion, muse, douçaine,
Chevrettes, buisines, tabors,
Dont mout me plaisoit li labors ;
Instruments de toute manière
I avoient et a vois plenière
Chantoient cil qui les menoient.

(Richard de Fournival, la Panthère.)

On voit, par les deux derniers vers, que les musiciens chantaient et jouaient tout à la fois.

C’est ainsi qu’un personnage, fort curieux est représenté sur une sculpture de l’ancienne église abbatiale de Cluny (Saône-et-Loire), actuellement au musée de cette ville, coiffé d’une sorte de bonnet phrygien ; il a l’air de chanter, tout en s’accompagnant vigoureusement sur sa vièle à quatre cordes.

VI

En France, ce furent les ménestrels qui remplacèrent les bardes druidiques, et de même que leurs devanciers, ils chantèrent les hauts faits des guerriers qui s’étaient le plus distingués par leur valeur ou qui étaient morts en combattant. Nos premiers rois eurent, sous le nom de ménestriers, des poètes pour célébrer leur victoire et transmettre à la postérité les belles actions dont ils avaient été témoins. Les ménestrels marchaient à la suite des armées, et leur emploi ne consistait pas seulement à entonner les chansons de Clotaire[1],

  1. Cette chanson en latin et rimée, fut composée au retour d’une sanglante expédition contre le pays Saxon, où, d’après la chronique, le roi franc ne laissa vivant aucun des hommes dont la taille dépassait la longueur de son épée :

    De Clotario cancre est rege Francorum,
    Qui ivit pugnare cum gente Saxonum,
    Quam graviter provenisset missis Saxonum,
    Si non fuisset inelitus Faro de gente Burgudionum.
    Quando veniunt in terram Francorum,
    Faro ubi erat princeps, missi Saxonum,
    Instinatu Dei transeunt per urbem Meldorum,
    Ne interficiantur a rege Francorum.