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de ce genre se voient sur le manche d’un instrument à archet ; plus tard, à partir du xve siècle, on y verra des touches, comme il y en a encore aujourd’hui sur les mandolines et les guitares. C’est encore un ange, qui est représenté jouant d’une vièle montée seulement de deux cordes, sur un vitrail de l’abbaye de Bon-Port, du xiiie siècle.
vièle à deux cordes
Vitrail de l’abbaye de Bon-Port (Normandie), xiiie siècle.
L’instrument qui a servi de modèle au peintre verrier devait en posséder un plus grand nombre, car le cheviller de cette vièle paraît disposé pour contenir quatre ou cinq chevilles.

Déjà au xie siècle Jean de Garlande trace un tableau des concerts de son temps. La vièle y tient sa place : « Dans les maisons des riches, dit-il, j’ai vu des joueurs de lyre, de flûte, de cor, des vièleurs avec leurs vièles, d’autres avec un sistre, une symphonie, un psaltérion, une citole, un chœur, un tambour, des cimbales… » (in domibus divitum vidi liricines, tybicines, conricines, vidulalores cum vidulis, alios cum sistro, cum giga, cum symphonia, cum psalterio, cum choro, cum cilola, cum tympano, cum cimbalis… » Magistri Johannis de Garlandis Dictionarus, art. LXXX).

Il arrivait parfois après les repas, que les invités prenaient part au concert :

Quant mengiée orent à plenté
Et li doblier furent osté,
Cil lecheor dont mout i ot
Monstra chascun ce que il sot ;