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miettes à l’intérieur. Des pantoufles gisaient près du lit, et par la porte ouverte sur le minuscule cabinet de toilette, on apercevait la baignoire encore pleine de l’eau refroidie qui attendait depuis la veille.

Dans les morts subites, l’esprit des survivants s’attache et se frappe à ces détails ordinaires de la vie qui subsistent après que l’être qui les animait n’est plus. La mort qui devrait être si familière surprend toujours, et c’est avec un étonnement terrifié que l’on pense que la main qui a placé cet objet quelques heures auparavant, la bouche qui a donné tel ordre encore inexécuté, l’être enfin, à qui l’on parlait tout à l’heure, dont on a encore la vue animée devant soi, la voix vibrant dans l’oreille ; rien n’existe plus. Le corps est là, la vie n’y est plus. Et, c’est encore un déchirement que ces traits familiers, ce corps que l’on peut toucher, et qui ne communiquent plus avec ceux qui les entourent.

Au bout d’un quart d’heure, la chambre