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qu’Yvonne était vaincue ; elle venait, décidée à le croire les yeux fermés : une image de son avenir de femme ; son besoin d’aimer qui la ramènerait toujours, soumise et ne voulant pas douter, avec la terreur de voir son amour lui échapper. Elle était de celles qu’une caresse, un baiser de celui qui les subjugue, rendent sourdes et aveugles.

Quand elle fut seule avec Robert, Yvonne maîtrisa, d’un effort, l’émotion qui la gagnait ; dans une honte de vierge de laisser voir le trouble que son amour lui causait.

— C’était pour moi ces pauvres fleurs jetées là ? demanda-t-elle.

Et, prenant les bottes sur ses genoux, elle délia les violettes pâles qui s’éparpillèrent, respirant le parfum doux qui montait de leurs cœurs chiffonnés.

Robert s’assit tout près d’elle, et prit sa main qu’il baisa doucement.

— Oui, je sais que vous aimez les violettes… Vous souvenez-vous de celles des