Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’égoïsme naissant de la jeune fille, totalement absorbée dans le mariage qu’elle devait pourtant entièrement à Mme Leydet. Peut-être pressentait-elle qu’un caractère inconnu surgirait dans celle-là aussi, dès le mariage. Comme les traits d’Yvonne s’étaient modifiés dans cet hiver où ses vingt-deux ans s’étaient accomplis, s’accentuant et prenant une lourdeur volontaire ; son esprit prendrait une forme définitive, les passions et les intérêts développés et assis désormais.

Et Suzanne reconnaissait avec amertume cette loi qui veut que la famille, unie lorsqu’elle existe autour des parents, se divisant en familles nouvelles, se détache de jour en jour jusqu’à former des groupes indifférents, hostiles même quand l’intérêt de leur existence est en jeu.

Le cœur serré, elle découvrait que plus elle avançait en âge, plus les désillusions apparaissaient, nouvelles et toujours s’accroissant. Après celles du mariage, celles