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Le pape et l’empereur à l’ombre de la croix.
Heureux s’ils savaient mieux la ligne qui sépare
Le prêtre et le soldat, le glaive et la tiare !
À leurs voix, l’Occident, rassemblant ses tribus,
S’armait pour délivrer le tombeau de Jésus ;
Et le torrent roulait son onde débordée
Jusqu’à ce qu’il touchât le sol de la Judée,
Et que Jérusalem, veuve des Sarrasins,
Vît flotter sur ses murs l’étendard des Latins !
 
« Au retour, et malgré les luttes féodales,
L’esprit chrétien couvrait le sol de cathédrales,
Où sur la pierre à jour et les vitraux en feu,
Le peuple encor muet n’osait parler qu’à Dieu.
Comme un nouveau pressoir où l’âme est condensée,
La presse délia sa langue et sa pensée.