Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
▬ 81 ▬

Et je compris enfin cette immortalité
Qui me mettait ainsi hors de l’humanité.

« J’errai donc sans amour, sans amis, sans patrie.
Chaque ville au hasard fut mon hôtellerie.
Mais, comme un voyageur fatigué du chemin
Qui s’arrête le soir et part le lendemain,
Pressé par l’aiguillon des jours au vol rapide,
Je ne m’attardais plus jusqu’à l’heure où le vide
Se faisait de lui-même à l’entour de mes pas.
Je m’en allais afin qu’on ne me chassât pas.
Combien de fois le soir, n’ai-je pas dû redire
Ces mots que m’adressa le Christ dans son martyre
« Laisse-moi sur ton seuil me reposer un peu ! »
Et moi qui repoussai l’homme où se cachait Dieu,