Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
▬ 33 ▬

Je marchais… jusqu’à l’heure où, tombant sous l’effort,
Je savourais enfin l’avant-goût de la mort.
Mais soudain, une voix éclatante et sonore,
Plus haut que l’ouragan me criait : « Marche encore !
« Pour toi seul, ni repos, ni mort. Marche toujours !
« La justice de Dieu n’a pas eu tout son cours. »

Il s’assit, et, couvrant des deux mains sa figure
Qu’ombrageait à demi sa longue chevelure,
Il resta quelque temps comme accablé ; bientôt,
Je crus entendre un bruit étouffé de sanglot ;
Puis des pleurs, sous ses doigts se frayant une route,
Sur la nappe de lin tombèrent goutte à goutte.

Je contemplais debout ce désespoir muet.