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Mais avant que de prendre et perdre au loin sa course,
Elle forme à deux pas un bassin naturel
Où se mire et frissonne un coin d’ombre et de ciel.
L’eau qui fuit par les bords sous le flot qui la pousse
Arrose un vert tapis, où, les pieds dans la mousse,
La gentiane entr’ouvre un œil timide et bleu
Qui regarde en rêvant le cyclamen en feu.
C’est là qu’il faut venir écouter le silence
Vers le déclin du jour, quand la brise balance
Sur ce miroir tremblant les ombres des grands bois
Et mêle au bruit des eaux les soupirs de sa voix !
Par devant la maison une étroite terrasse
Mène au bord du rocher qui soudain dans l’espace
Manque ; l’abîme est là. Sous les yeux effrayés
Un vallon se déroule à plus de mille pies ;
Puis des monts, puis un lac comme au fond d’un cratère.