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À cet âge où chacun se rend à l’évidence,
Trouve la vie amère et la juge en silence,
J’avais fui les cités ; et seul, loin des humains,
Des glaciers et des monts j’avais pris les chemins.

L’esprit de Dieu réside au fond des solitudes.

Là, dominant la terre et ses inquiétudes,
Le calme descendit du ciel dans mon esprit.
À la vie en secret mon âme se reprit.
L’air libre et le soleil, retrempant ma jeunesse,
Chassèrent les brouillards de ma longue tristesse.
Mon cœur, que le mépris devait clore à jamais,
Se rouvrit au bonheur sur ces âpres sommets :
Et l’amour y germa comme ces roses pâles
Qui fleurissent au fond des Alpes glaciales.