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Je tombai sur les mains, le front dans la poussière,
Et sentis que mon âme élancée après lui
Oubliait là mon corps que la vie avait fui !

. . . . . . . . . . . . . . .


Quand le vieux serviteur monta de la vallée
Pour frapper avant l’aube à ma porte isolée,
Il recula d’horreur ; car son premier coup d’œil
Vit en entrant deux corps prosternés sur le seuil.
Le vieillard nous crut morts et frappés par la foudre.
Il releva mon front qui traînait dans la poudre.
Ses pleurs, ses cris, ses soins, et la clarté des cieux
Me firent lentement rouvrir enfin les yeux.
Longtemps je regardai devant moi comme un homme
Qu’un rêve obsède encore au sortir d’un long somme.