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Exilé, chargé d’ans, de malheur et de gloire,

Venait dans cette allée, à l’ombre des forêts.

Traîner de sa grandeur le deuil expiatoire.


Dites-moi quels étaient ses mouvements secrets,

Ses rêves, ses désirs, sa dernière espérance.

Lorsque la paix du ciel était déjà si près 1


Ah ! tourment des grands cœurs, héroïque souffrance.

Cher et cruel souci de la patrie en deuil.

C’est à toi qu’il songeait, à toi seule, ô Florence !


Et, de l’éternité prêt à franchir le seuil,

Il se tournait encor vers l’ingrate contrée

Dont il est à la fois le remords et l’orgueil.


— Je n’ai pas ton génie, ô grande âme navrée !

Mais je puis par le cœur comprendre tes ennuis :

J’ai souffert comme toi cette douleur sacrée.


J’ai vu d’un siècle entier tous les espoirs détruits,

Et la France incertaine entraînée aux abîmes

Par ses propres enfants aveuglés ou séduits.


Quel sera l’avenir ? duels efforts magnanimes

Pourront le replacer sur son vrai piédestal ?

Ah ! renier ses dieux est le plus grand des crimes !