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la Convention ; je ne pouvoit pas non plus parler des siens, mon mémoire étant antérieur à son ouvrage. Au reste, on ne doit pas s’étonner de la rencontre des mêmes idées entre deux personnes qui n’ont eu aucune relation ensemble ; c’est l’effet naturel du même esprit et de la même intention, dans lesquels un ouvrage a été fait, qui occasionne ce rapprochement.

(17) Si, sur la farine cuite ou riz en pomme-de-terre, l’amidon ou fécule présente d’abord quelqu’avantage, comme étant obtenue à froid ! par une manipulation peu dispendieuse et sans le secours du feu, cette première en possède aussi d’antres qui compensent les frais qu’il faire pour sa dessication, par le gout et la saveur qu’elle conserve(la fécule est inodore), parce que la partie amylacée et la partie fibreuse de la pomme-de-terre en sont toutes conservées, tandis que dans l’extraction de sa fécule, il faut se résoudre à perdre cette dernière substance, qui est toute aussi nourrissante et plus légère[1] ; enfin parce que ces deux substances cuites et mélangées n’offrent plus aux parfumeurs et aux amidonniers le moyen d’abuser de la fécule de pomme-de-terre pour fabriquer la pondre de toilette (une section de Paris s’en est déjà plaint) et qu’ainsi la substance entière de cette précieuse racine ne peut plus servir à d’autre usage qu’à celui de nous alimenter.

(18) Ecraser an pilon et sous un rouleau, dit Cadet Devaux, dans la Feuille du Cultivateur du 14 Frimaire, trente-six livres de pulpe pour les soumettre à la panification, étoit une besogne toujours pénible et qui exigeoit trois quarts-d’heure de tems ; mais j’ai trouvé le moyen d’abréger le tems et la peine, en me servant, pour cela, d’un moulin que j’ai imaginé ; sa construction en est simple. Ce sont deux cylindres d’an pied de long car six lignés de diamètre, surmontés d’une trémie, garnis chacun d’une manivelle : ce qui est préférable à une seule manivelle et à deux roues d’engrenage. Deux lames de bois appliquées au-dessous des cylindres en détachent la pâte, que sans cela les cylindres ramèneraient à la surface. Deux enfans peuvent faire agir ce moulin. (*)

  1. « La partie fibreuse, dit Parmentier, dans son Examen Chymique des Pommes-de-terre, desséchée à une douce chaleur, puis réduitss » en poudre, étoit un peu grise, elle est spécialement plus légère que la fécule… ». Plus loin, il ajoute : « Quoique l’on dise assez ordinairement que le parenchyme fibreux des végétaux ne contient pas de parties nourrissantes, on pourroit peut-être bien se tromper à l’égard de celui des pommes-de-terre qui, dépouillé de tour suc et de toute fécule, ne laisse pas que de.prendre dans l’eau, en bouillant avec elle, une consistance un peu muqueuse, qui prouve que la partie fibreuse des pommes-de-terre est alimentaire. »