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sous le moulin, leur forme et grosseur sont assez indiffèrentes : mais si c’est pour en faire usage dans les délayans, on doit préférer les pommes qui auront été desséchées sous une plus petite parcelle, attendu qu’en cet état elles reviennent plutôt. Au reste, on ne sera peut-être pas fâché d’apprendre comment on peut couper toutes ces tranches d’égale épaisseur et très-promptement, avec un instrument bien simple. Il consiste en une lame de couteau axée obliquement et retenue, à ses extrémités, par deux clous ou vis sur une planche, qui, d’un côté, forme une espèce de manche, de l’autre, est coupée quarrément, excepté les coins un peu arrondis, et qui, au milieu, a une ouverture en forme de lumière de varlope. On passe assez vite les pommes-de-terre sur cet instrument, et à chaque fois, le couteau enlève une tranche de cette racine qui tombe du côté opposé. J’observe qu’il faut ralentir le mouvement de la main quand on a, aux trois quarts, coupé la pomme-de-terre, pour ne pas se blesser. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire que le couteau soit si tranchant ; on peut parer à cet inconvénient avec un mauvais gant.

J’ai conservé et fait graver, figure (1), cet instrument tel que je l’ai acheté, il y a dix ans, d’un Suisse, qui m’a assuré que l’on s’en servoit communément dans son pays pour diviser toutes sortes de racines potagères. Qui nous empêche d’en faire usage pour leur dessication ? J’ai déjà sur cela fait quelques essais satisfaisans ; nous serons bien aises de trouver l’hiver cette provision, sur-tout dans le tems des gelées.

Ce couteau a depuis été perfectionné. La lame s’élève et se baisse à volonté, par le moyen d’une vis de rappel, en fer, qui est placée en-dessous[1]. Au surplus, comme une tranche de pomme-de-terre ne peut varier que sur une épaisseur d’une ligne et au-dessous, on peut, si l’on veut se dispenser d’avoir un couteau compliqué, en avoir deux simples, dont la lame de l’un aura une ligne de fer, et l’autre demi-ligne, pour s’en servir selon que l’on veut une tranche plus ou moins épaisse..

(16) Les procédés, précautions, inconvéniens et résultats des expériences de C. Guillaume, sur la dessication des pommes-de-terre, sont, à quelque chose près, et jusqu’à la panification, semblables à ce que j’ai écrit dans mon mémoire. Cet estimable citoyen ne pouvoit pas connoître mes moyens, puisque mon travail étoit alors dans les comités de

  1. Il se trouve gravé dans la bibliothèque Physico-Economique, année 1788, voyez, page 54, tome2.