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de vous, même dans la vérité. Allons au ciel bras-dessus bras-dessous. Si vous restez dans votre hamac de scep- tique, vous balançant nonchalamment d'une idée à l'autre, vous êtes perdu, et moi je manque un camarade de vertu qui pourrait la rendre amusante. Eh ! eh ! qu'en dites- vous? C'est une expérience à tenter. Elle intéresserait au plus haut point toutes les femmes de votre famille qui voudraient vous voir meilleur probablement. Quant à moi, qui suis jusqu'ici l'opprobre et le fléau de la mienne, je lui garde pour ses vieux jours l'immense joie de mon renoauellement intérieur. Voyez, je parle déjà cette langue. Au fait, c'est aujourd'hui la Pentecôte, le jour où le Saint-Esprit descendit en forme de langues de feu. Le miracle continue pour moi. Après le Saint-Esprit, celui que j'aime le plus, c'est le vôtre, ô Damné de mon cœur ! » (1). Il est évident que ce n'est pas le respect de la religion qui inspire de pareilles plaisanteries. Ne semble-t-il pas plutôt que d'Aurevilly veuille, en bon épicurien, aviver ses présentes émotions cérébrales ou sentimentales à l'aide de souvenirs sacrés qui en aug- mentent la saveur pimentée ?

Ce n'est qu'à partir de 4847 que l'incrédule ironiste de V Amour ImjMssible devient très respectueux de la religion catholique et qu'il inaugure une vie d'apostolat laïque qui le mènera bientôt à l'absolutisme romain. La foi renaît dans son cœur qu'il croyait éteint. J'en trouve une preuve concluante au cours des deux parties, si différentes, û'Une Vieille Maîtresse. Il est probable, il est même certain que Barbey d'Aurevilly n'avait pas un plan très arrêté quand il commença son roman en 1845. Il écrivit « d'inspiration », comme il dit, le premier acte

(1) Lettre au vicomte d'Yzarn-Freissinet.