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d'être nii Joseph de Maislre, un vicoiiile do Donald, un lord Byron, nn llonofé de lîalzac, nn vicoinlo de Chateau- briand, nn Ali)lionse de Lamartine on nn Alfred de Vi^^n^^, tons aristocrates et hommes d'action avant d'être poètes. i"omancitM"s. liisloritMis ou philosophes. Ces gens-là n'ont rien du " littérateur », du « cuistre », du « pédant », du «byzantin ». C'est pourquoi le critique des Prophrlcs du Passé, qui s'estimait leur pair et rival, leur a prédit une renommée durable, supérieure aux misérables contingt?nees et aux hasards inexpliqués de la vie litté- raire. A ceux mêmes qu'on était tenté d'oublier, après la réaction réaliste de 1850, il a promis une renaissance éclatanK^, aujourd'hui confirmée par l'événement. Cette renaissance, il l'a amioncée il y a bientôt un demi-siècle, à une époque où de tels hommes, génies de l'esprit humain, commençaient de subir une éclipse, qui a duré jusqu'à nos jours, et de connaître l'ingratitude ou l'igno- rance de l'innnédiate postérité.

Mais si l'on n'est pas aristocrate ou homme d'action, il faut, pour avoir les éloges de Barbey d'Aurevilly, être un « fort » tout au moins, un de ces forts qui conquiè- rent par la violence le royaume de la terre ou des cieux, la célébrité ou la gloire ; il faut être un de ces solitaires, un de ces soldats de la pensée on nn de ces serviteurs de l'art, qui portent au front la radieuse auréole d'une conviction afl'ermie pour laquelle ils sacrifieraient volon- tiers leur existence, et sans laquelle ils préféreraient se tenir à l'écart: une M""' Ackermann, «ce brave homme de génie », un Stendhal, un Baudelaire, par exeniple. Hors de là, point de salut, point de ménagements. Tout le reste n'est que littérature vaine, fantaisie stérile, misé- rable occupation de désœuvrés.

Voilà une conception 'nien aristocratique de « l'émi-