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la passion, en lui fendant sa mnelle poilrino, aiTach(M"ail nn jonr son secret » (1). Je no crois pas qu'il soit possihio de mieux rendre les mille nuances insaisissai)les d'une pareille physionomie.

On pourrait opposer à ce portrait si (inenuMit tracé celui de la laide senora Vellini, rivale (rilcrman.yarde. Mais, dans un autre genre, je préfère le superbe relief de la figure imposante et fière que Barboy d'Aurevilly a donnée à la comtesse de Scudemor. « C'était une femme d'un charme étrange et silencieux... Quoiqu'elle eût encore assez do cette beauté qui su/lit aux fonmies pour tenir à la vie, elle avait le calme indilféreut, qui ne se vante, ni ne se plaint, d'un être détaché de tout. Elle eii avait le naturel et la simplicité. Probablement à cau.se de son extrême froideur, les femmes ne l'aimaient pas, quoiqu'elle ne jalousât en rien des succès do vanité auxquels elle ne prétendait plus. On lui supposait des opinions très hardies. Avez-vous remarqué que le monde suppose toujours des opinions très hardies à ceux qui n'ont pas l'air de tenir les siennes en grand respect? 11 faut être si osé pour cela ! .Mais cette assertion hasardée, on n'aurait guère pu la justifier par des faits. Dans le monde, la comtesse Yseult de Scudemor avait l'habitude de ne se mêler à la conversation que quand elle roulait sur des sujets généraux et vagues... Toute sa persomie avait cette expression patricienne qui respirait dans ses traits traïKiuilles. La moindre contraction lu:» s'y montrait pas. Elle n'avait ni dédain ni langueur. Ses manières, — les manières, qui sont les attitudes de l'esprit comme les attitudes sont le* manières du corps, — étaient lentes jusqu'à la nonchalance, mais elles n'étaient pas noncha-

(1) ine Vieille Maltresse (éd. Lemcrre, I. I, j.. M, 43 et 45).