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à la lellro, celte profession de foi sullirail a lé.uilimer les rig-ueurs de M. Bninelièro contre lacritiqno romantique. Mais il ne faut pas s'en tenir aux termes soûls du i)ro- .u-rannne qu'un jeune homme allichc* en un jour de " ileveriiondatic inleliccliiol /, ; il faut (•diisidoror surtout l'application de ce pro.urammc (»r. si d'AiircN illy a sacrifié trop fréquenmienl à l'ivresse de la sensation lo sang-froid du jugement, il s'est conduit, en ell'el, comme un romantique peu propre à revêtir la robe do magistial de la littérature. Toutefois son romantisme n'a pas eu sans compensation cette désastreuse conséquence. Il Va préservé des entraînements des coteries et ne l'a pas privé des ressources de la raison. Ce double avanlag:o efface bien des inconvénients.

Sans doute, il vaudrait mieux ne faire appel, imi tout état de cause, qu'aux lumières de la raison. Mais quel est l'homme, assez niaitre de lui-même, do ses impressions personnelles et de ses passions, pour garder cons- tamment en parfait équilibre, chacune a leur place, les trois facultés qui se disputent chez lui la préénnnence : la faculté de sentir, la faculté de juger, la faculté de vouloir? Quel est l'homme assez désintéressé de ses propres instincts et de ses émotions les plus intimes pour maintenir sans cesse haut et ferme, au milieu du conflit des événements et de la mêlée universelle des opi- nions, le phare de vérité que la conscience allume et qui s'obscurcit ou s'éteint si vite sous le souffle délétère du parti-pris. Où donc brille, dans tout son pur éclat, ce feu fixe et mesuré de l'intelligence qui illumine les êtres et les choses de lueurs toujours semblables et distiibue partout également la chaleur et la justice ?

Sans doute encore, il serait bon de ne pas chercher dans l'isolement hautain ot orgueilleux un refuge contre