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Enfin, comme 2^osi-scri2)ium ironique aux cris enfiévrés de l'âme,' voici deux vers d'un désespoir qui affecte d'ôtre léger et souriant !

Mais votre ni'iir, lu-las ! est si plein de ra|irices Oiic la jilacc y mamiue à l'aniotir ! {\)

Mais ce n'est pas dans ces vers, si émouvants qu'ils soient, qu'on saisit le mieux l'aspect du tempérament romantique de Barbey d'Aurevilly. Un simple petit récit, comme V Amour Impossible, une nouvelle plutôt ou « une chronique parisienne », ainsi que l'intitule son auteur, fait pénétrer plus à fond dans l'âme de notre héros. La prose est toujours plus significative que les vers où, malgré soi, l'on se défie de la sincérité absolue de l'écrivain et où l'on veut voir souvent, en dépit de tous les raisonnements, un exercice de rhétorique. « Il ne s'agit point de ce qui est beau et amusant, mais tout simplement de ce qui est ». Telle est la devise que d'Aurevilly met en tête de son Uvre : nous voilà dûment avertis. Et dans la dédicace à Madame la marquise Armance D... V.... il ajoute encore, pour qu'on ne se méprenne point sur ses intentions. « Il (ce livre) n'a pas l'ombre d'une prétention littéraire... Ce ne serait qu'un conte bleu écrit pour vous distraire, si ce n'était pas une histoire tracée pour vous faire ressouvenir ».

Or, que voyons-nous là-dedans, dans ces pages fié- vreuses par lesquelles passe le fant(3me d'une décadence ? Le dessèchement de tout amour, l'impossibilité de toute émotion, la fadeur inévitable de la vie. Raimbaud de Maulévrier et Bérangère de Gesvres sont rivés l'un à

(1) Ibkl., p. 21.— p. 43.