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Entre temps, lorsqu'il soutire Iroj) violeiniiieiil el que SOS souffrances s'exaspèrent ;iu ('i>nla('l de la dure réalité, Bnrbey s'échappe en claininu-s poétiques, qui, pour être expi'iinées sous forme do vers, n'en sont pas moins d'une inlensité poig'uante dont l'àme est ébranlée.

Saigne, saigne, nun ca'nr... saigne ! je veux sourire. Ton sang teindra ma lèvre et je rachcrai mieux Pans sa couleur de pourpre et dans ses plis joyeux La torture (|ui me dérliire.

Saigne, saigne, mon rnnir, saigne plus Icnlemenl. Prends garde ! on t'entendrait... saigne dans le silenee Comme un cœur épuisé qui déjà saigna tant, A liout de sang cl de souffranrc ! (1)

Et ailleurs :

Ne l'as-lu jani.iis vu, re pAle et noii' Génie Qui liait avec ramnur pour le faire mourir ? N as-tu jamais senti se glisser dans la vie Le poison qui, plus tard, doit si bien la flétrir ? N'as-tu jamais senti sur tes lèvres avides De l'Kchanson de mort le pliillre alfreux passer ?... Car le jour n'est pas loin peut-être où, les mains vides. Il n'aura plus rien à verser !

Et quand ce jour-là vient, tout est liiii pour l'.'kme ; Tous les regrets sont vains, tous les pleurs superflus ! L'amant n'est |>lus qu'un liomme, et l'amante une femme ; Et ceux qui s'aimaient tant, hélas! ne s'aiment plus ! Une clarté jaillit, une clarté cruelle (Jui montre les débris du cœur brisé, \aincu ; c Ce n'est plus toi! » dit-il, — « ce n'est plus toi! » dit-elle. Le masque bmibe el l'on s'est vu. (2)

(1) Poésies (éd. Trebulien, 185.';), p. 31.— l'oussières (éd. Lemerre, 1897) p. 51.

(2) Ibid., p. 14 el 15. — p. 36 cl 37.