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je les éclairasse par quelques nouvelles pages d'intro- duction les cahiers qui vont paraitre, où Ton trouvera renfermé le jnnrnal de sa vingt-cinquième à sa trentième année. Je les ai lues avec une attention passionnée, ces confidences de la jeunesse d"uu génie sans gloire, et j'ai trop bien compris alors que cette disproportion entre rame et la vie avait commencé chez d'Aurevilly dès sou arrivée à Paris ».

Force, héroïsme, génie : tels sont les mots qu'emploie un esprit aussi calme que M. Paul Bourget. en parlant de Barbey d'.Aurevilly. Force méconnue des contempo- rains, héroïsme inutile au XIX^ siècle, génie incompris de la foule ! Tel sera le verdict de la postérité, laquelle aura a cœur de réparer les fautes des générations passées. Elle répétera, après M. Bourget : « Insensible- ment, il s'était habitué à vivre de visions et parmi des visions. J'ai la certitude qu'il se rendait a la fiu un compte trop exact de l'avortement de tous ses désirs. Il avait rêvé l'action, et il feuilletonnait encore à soizante-seize ans. — une grande vie d'élégance, et il habitait sa pauvre demeure, — une renommée digne de son génie, et les articles sur lui ne parlaient guère que de sa personne physique... Il se réfugiait alors de parti pris dans un monde imaginaire. Il semblait, dans ses dix dernières années, avoir pris en dégoût le monde réel, et sa verve de conteur, qui était incomparable, se réjouissait parmi des anecdotes fantastiques par elles-mêmes, qu'il forçait encore dans le fantastique... Il avait fini par créer ainsi autour de lui une sorte d'atmosphère grisante dont la fascination était d'autant plus irrésistible qu'une réalité y éclatait, et magnifique, celle de son énergie morale. »

Le langage de M. Gustave GefîVoy n'est pas sensible- ment ditterent de celui de M. Bourget. «Son imagination,