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railleur d'i^jic Vieille Mailressc n'a pas voulu ôtre do sou temps ; il s'est refusé à suivre, — et jusqu'à com- prendre, ce qui est plus grave, — les tendances de l'époque où il vivait effectivement. Cette insubordination aux légitimes exigences de la société moderne, ces dédains d'un aristocrate confiné dans le passé, ces théo- ries extrêmes affichées hautement connue des signes de rédemption alors que le XIX*' siècle n'y voulait voir que des signes de servitude. — cela, plus que tout le reste, a éloigné les contemporains. Eux, ils marchaient en avant; lui, il demeurait en arrière.

Sans doute, d'Aurevilly est bien un romantique; il ne saurait renier ses origines littéraires. Mais c'est un romantique d'une espèce rare, un romantique suprême- ment « individualiste » et solitaire. Son romantisme, qui posséda d'abord jusqu'au fond de son àme, la martela et la meurtrit, devint finalement uji romantisme de façade. Ce romantisme saute aux yeux et les éblouit, précisé- ment parce qu'il est tout extérieur. Qu'on pénètre au sein même de l'œuvre : elle est d'essence strictement normande, aristocratique et catholique ; elle est marquée au coin d'une personnalité vigoureuse qui se manifeste partout et qui n'entend relever que d'elle-njême. Dès lors, les réalistes des impressions externes et de la nature n'en l pas plus le droit de revendiquer l'auteur du 67/é'i'rt//6'r Des Touches que les romantiques ne sont fondés à le reconnaître pour un des leurs. Barbey d'Aurevilly est un modèle peut-être unique de réaliste de l'àme, doublé d'un romantique de la couleur.

C'est donc à son majestueux isolement, à sa solitude délibérément choisie, à ses instincts de réfractaire en révolte permanente contre les associations et coteries, à sa situation d' « incompris » volontairement aggravée