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rite retiendra de près do quarante voliuncs dans lesquels s'est jetée, toute vive et brûlante, rànie du connétable normand des Lettres françaises. L'épreuve des années sur les hommes et les choses ne se décide et ne s'achève que lentement. Mais, à certains signes non douteu.x;, il est permis d'enlrcnoir la place que Barbey d'Aurevilly occupera dans le jugement des générations à venir, le rang qui lui sera assig-né dans les annales de la Littéra- ture moderne.

A coup sûr, le romancier aura une place d'honneur,— surtout le romancier normand. Une œuvre comme la Vieille Maîtresse, — qui n'est en quelque sorte qu'une préparation aux vig-oureuses peintures du terroir. VBn- sorcelée, le Chevaliei- Des Touches et le Prêtre Marié, — portera, en raison même de ses caractères mélangés d'œuvre de transition et de ses éléments confus de romantisme nuageux et de réalisme indécis, des rides bien plus précoces que les ouvrages qui l'ont suivie. Et pourtant, si l'on songe que ce premier grand roman de Barbey d'Aurevilly date de plus d'un demi-siècle, on ne peut se défendre d'admirer la vie intense dont il fut saturé, qui y circule et qui l'anime toujours, puisqu'il apparaît aujourd'hui plus vivant même qu'en 1850 et que son succès auprès de nos jeunes contemporains ne semble pas se ralentir. Or, de combien d'œuvres nées a la même époque que celle-là, serait-il possible d'en dire autant ? A part Balzac, qui dépasse de cent coudées les plus illustres représentants du roman, à part Stendhal, Victor Hugo, Alfred de Vigny et peut-être George Sand, quel est le romancier do la première moitié du XIX'" siècle dont les fictions vivent encore, à l'heure actuelle, d'une vie pleine et intacte ? Quel est celui duquel on ait le droit «l'affirmer qu'il éleva son monument sur