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romancier normand ? La vengeance serait spirituelle et piquante, de la part d'un corps constitué qui — chose rare! — ne déteste pas l'ironie de haute portée et sait souvent s'en faire une arme finement aiguisée contre ses détracteurs les plus passionnés.

On dira que d'Aurevilly n'a pas besoin de ces cou- ronnes d'une admiration tardive. D'accord ; mais de pareils témoignages d'estime publique ne sont- ils pas significatifs, malgré tout, et n'indiquent-ils point, mieux que de copieux commentaires, les retours de l'opinion en faveur d'un homme longtemps maltraité et méconnu? La consécration de l'Académie n'est jamais à dédaigner, — pas plus que celle des esprits supérieurs qui s'arrogent le droit de parler au nom des Lettres. J'ose donc pré- tendre que n'importe quel honneur, décerné par l'Institut à celui qui fut son ennemi acharné, rejaillirait à la fois sur la Compagnie qui en prendrait l'initiative et sur le vaillant écrivain qui en serait l'objet. La réconciliation serait d'un excellent exemple. L'Académie française, gardienne des traditions nationales, peut, sans faiblesse, accueillir dignement, comme il le mérite, le tendre et belliqueux romantique, l'ardent et bon journaUste. le brillant et profond romancier, en un mot, le grand homme de talent, d'inspiration et de cœur, qui s'appela Jules Barbey d'Aurevilly.