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SGurs les plus indépendants qui excusaient le catholicisme à outrance de V Ensorcelée en faveur des vivantes pein- tures du sol normand et des profondes études de l'âme humaine. L'apaisement était enfin venu, avec la gloire, autour d'un nom long-temps ballotté sur les mers ora- geuses de l'opinion, dans les injustes polémiques de la lutte quotidienne.

C'est à ce moment qu'il se trouva, sous le ciel do France, une Faculté des Lettres ayant cette singulière audace, — qui naguère eût paru sacrilège, — d'accepter pour sujet de thèse de doctorat un essai sur la vie et les oeuvres de Barbey d'Aurevilly. De ce jour, la grande famille de TUniversité rangeait l'écrivain superbe et fastueux parmi ceux qui ont fait honneur aux lettres françaises et accru en beauté le patrimoine intellectuel du pays. Toutefois il n'y a pas unanimité encore, surtout quand il s'agit du critique, dans la foule des professeurs ayant reçu, ou non, mandait d'exprimer le jugement de leurs collègues. M. Ferdinand Brunetière en est resté à l'appellation de « vieux paradoxe ambulant » jetée, en une heure de colère, comme un défi aux fervents admi- rateurs qui projetaient d'élever une statue au romancier de V Ensorcelée. Les deux disciples de M. Brunetière, MM. Gustave Lanson et René Doumic, semblent ignorer presque totalement l'œuvre de Barbey d'Aurevilly ; du moins ils gardent à son endroit un silence dédaigneux, — niéthodique et absolu chez M. Lanson. intermittent et ironique chez M. Doumic. M. Emile Faguet avoue n'avoir « jamais rien lu de cet auteur » ; mais, ajoute-t-il, c'est 'K évidemment un personnage à tirer au clair /^(l). M. Gustave Larroumet pense « qu'une étude complète de

(1) Lettre inédite de M. Emile Fiiguet (12 juin 1900).