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lecteurs eussent reconnu dans la plupart de ses idées une solidité comparable à celle de Rivarol ».

A un autre point de vue, deux chroniqueurs, de tempé- rament fort opposé, MM. Henry Fouquier et Gustave Geti'roy, rendirent un juste hommage à la mémoire de Barbey d'Aurevilly. «... Mes aimables correspondantes, — disait finement Colomba, dans VEclio de Paris du 29 avril, — me demandent si le romancier puissant et . étrange qui vient de disparaître devait être considéré comme leur ami ou leur ennemi ». Et, après avoir fait réloge du Bo)iIiei()' dans le Crime et surtout du Préti-e Marié, M. Fouquier concluait : « Là, Barbey a opposé l'idéal divin au sentiment féminin, et la lutte est pleine de grandeur ». De son côté, M. Geffroy écrivait avec une infinie délicatesse, dans \à Justice ûw 26 avril : « ... Aucun événement actuel ne devrait tenir en regard de la dispa- rition de ce gi'and écrivain qui fut un artiste magnifique- ment exaspéré, un styliste extraordinairement original, un créateur d'êtres d'une humanité si spéciale ».

Mais, à part ces illustres exceptions, les journalistes et critiques de la presse française furent, comme de cou- > tu me, inexacts, légers, hâtifs. Toutefois, ils ne se mon- trèrent point malveillants. Ce triste courage était réservé à un vieillard, tout près de la tombe, l'éternel ennemi de Barbey, M. de Pontmartin. En un long feuilleton de la Gazette de France, — écrit le 27 avril, et publié par le journal le 21 septembre seulement, comme si une dernière pudeur eût retenu quelque temps la main trem- blante des pontifes de l'endroit,— le maigre pamphlétaire des Jeudis de Madame Charbonneau traita d'Aurevilly de pornographe, lui reprocha de n'avoir pas été un légitimiste assez convanicu, de ne s'être point enrôlé parmi les zouaves pontificaux, de n'avoir pas fait le coup