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à adhérer au groupe est matière à contestation. Si la sélection est supérieure, excellente ou même bonne, l'objet de la société se trouve justifié ; autrement, ce sont les détracteurs qui ont raison.

Or, en l<S3r), comme en 1S50, comme sous le second Empire et jusque vers 1880, Barbey d'Aurevilly était mal venu à se déclarer l'adversaire implacable de l'illustre Institution de Richelieu, de la fondation Buloz et de la maison des Bertin. A aucune époque de l'histoire littéraire, de pareilles compagnies ou associations n'ont pris une place plus éminente et exercé une action plus prépondérante qu'au XIX^ siècle. Et l'on ne peut pas dire que leur rang fut usurpé, ni leur influence néfaste. Car une Académie qui compte dans son sein des hommes comme Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo, Vigny, Musset, Guizot, Thiers, Montalembert, Berryer, Sainte- Beuve, Villemain, Taine, Renan, pour ne citer que les figures de premier plan, celles qui représentent le mieux les différentes tendances du siècle, — une telle Académie n'a pas à rougir de son œuvre. Après cela, elle est pardonuée de s'offrir parfois le luxe de quelques fantai- sies ou de quelques erreurs. Qu'elle se trompe trop souvent, ce n'est pas douteux. « Une Compagnie infailHble! — insinuait avec grâce Ernest Renan, en recevant M. Jules Clarelie, — nous en aurions presque peur... » L'essentiel, c'est que ses illusions, ses caprices ou ses mécomptes d'une heure ne portent pas atteinte au patrimoine de gloire dont elle a la garde.

Faut-il en dire autant des grandes Revues et des grands journaux ? Non, pas tout à fait. Et cependant leur situation n'est pas sans analogie avec celle-là. Vers 1840, la Reçue des Deux-Mondes avait pour collaborateurs principaux et réguhers : George Sand, Jules Saudeau,