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dans sa Carnpar/ne du Fif/aro. Il trouve plaisant d'ac- cabler d'Aurevilly sous l'atlVeuso épilhète de... bour- geois. « Vous ignorez toutde l'heure actuelle, — clanie-t-il d'un ton de colère, qui fait rire, — vous ne savez même pas que nous sommes les artisles, nous autres, qui avons renoncé aux guenilles de 1830, et qui vivons simplement, sans carnaval, tout entiers dans nos œuvres. Visitez les ateliers de nos peintres, ne vous en tenez pas aux quatre pauvres jeunes écrivains que fascinent vos yeux d'aigle, renseignez-vous, apprenez au moins où est l'art de l'époque. En vérité, je vous le dis, vous avez l'ahuris- sement d'un bourgeois, les ignorances d'un bourgeois, l'obstination et le rabâchage d'un bourgeois ! Bourgeois ! bourgeois ! » Eût-on supposé tant de haine virulente chez un naturaliste qui prétend et vise à l'impassibilité !

Ce n'était pas seulement « quatre pauvres jeunes écrivains », — comme disait dédaigneusement M. Zola, — qui venaient à Barbey d'Aurevilly, c'était une grande partie de la jeunesse lettrée. Un des mieux avisés parmi les débutants de la critique fut M. Gustave Geffroy, qui devait se faire bientôt une place si enviable dans la presse parisienne. Le 28 juillet 1886, il publiait dans la Justice une longue et remarquable étude sur foeuvre du Maître. « Parce que les opinions de l'écrivain vont à rencontre des idées philosophiques et sociales qui com- mandent l'évolution de ce siècle, — y lisons-nous, — parce que la manière d'être de l'homme a été souvent le sujet des bavardages de la chronique, parce qu'on aurait éprouvé, devant telle manifestation de cette vivante personnalité, une colère, un agacement, ou même une indifférence, il n'en faut pas moins reconnaître à M. Barbey d'Aurevilly comme bien acquise la situation très grande et très particulière qu'il occupe dans la litté-