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mell et même des Pj^oj^hèfes du Passé. Bref, il admire tout en ami dévoué, bien que clairvoyant (1).

Avec M. Jules Levallois nous entrons enfin dans la critique proprement dite, où l'éloge est mesuré et pesé et où Tesprit de discussion, do réfutation même, n'abdique jamais ses droits. « Depuis longtemps, — écrit M. Levallois dans VOpmion Natiotia/e, — je connais en critique la manière de M. d'Aurevilly. J'ai lu les Prophètes du Passé, et je perds de vue le moins possible la série ouverte au journal le Pays par ce brillant et intolérant écrivain. Il ne me persuade jamais, il m'intéresse toujours. Je ne puis le quitter sans être à -la fois furieux et charmé, séduit par l'éclat, la puissance et même la savante bizarrerie de la forme, révolté contre le fond de ses idées... Le style est celui d'un poète jugeur qui jette de l'agrément et de la flamme sur le dispositif des plus arides sentences. Les qualités sont grandes, les défauts sont très graves. La forme, — si également travaillée partout, — a souvent les apparences de l'inégalité, de l'affectation, de la pré- tention. Dans ses articles, M. d'Aurevilly aime a multi- plier les traits frappants, les soudaines lueurs qui réjouissent d'abord le regard et finissent par l'éblouir. Il cède, en se livrant à ces excès de spirituelle fantaisie,

(1) C'est vers lu même (poque (lue Bandeliirc écrivait : « M. d'Aurevilly avait violemment attiré les yeux par Une Vieille Maîtresse et par VEnsor- celée. Ce culte de la vérité, exprimé avec une ellVoyable ardeur, ne pouvait (pie dé[)Iaire à la foule. D'Aurevilly, vrai catliolique, évoquant la passion pour la vaincre, chantant, pleurant et criant au milieu de l'orage, planté comme Ajax sur un rocher de désolation, et ayant toujoui'S l'air de dire à son rival, — homme, foudre, dieu ou maUère — : « Enlève-moi, ou je t'enlève ! » ne pouvait pas mordre sur une espèce assoupie dont les yeux sont fermés aux miracles de l'exception ». {L'art romani ii^ue, éd. Calmann. Lévy, 1872, p. 410 et 411).