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la politique. Ces cinq lettrés, dont l'aîné n'a guère dépassé la trentaine aux abords de 1860 et dont le plus jeune ne conipto pas vingt-cinq ans, sont tous, à des degrés divers, des esprits très élevés, très curieux, infiniment délicats; et ils n'ont juste départi pris que ce qu'il en faut pour soutenir fermement leurs opinions ou défendre avec succès leurs convictions.

Paul de Saint-Victor admire presque sans réserve l'œuvre de son maître Barbey d'Aurevilly : il s'enivre de l'ambroisie dT;i6' Vieille Maîtresse, s'envoûte de r En- sorcelée, se laisse séduire par les Poésies, pleure des larmes de sang pour posséder les Reliquiœ({'\i\\Q:QmQÙQ Guérin et la superbe introduction qu'y a jointe l'ami de Maurice. Mais, malgré tout, il a un faible, qui n'est pas commun, pour la Bague d'Annihal et le .Dandysme. « La raillerie spirituelle, — note-t-il sur un de ses calepins, — c'est la Bague d'Annibal. Du poison dans un diamant ! » Pour Georges Brumnicll, il écrit dans la Presse, en 18G1, — au sujet de la seconde édition de ce code des élégances, — un article extrêmement flatteur. « L'auteur, — dit-il, — à cette époque (en 1S4.5, lors de la première édition du Briimmell), était presque aussi inconnu que son livre. Il n'avait encore qu'a demi tiré du fourreau cette plume, vaillante comme une épée, qui a, depuis, jeté tant d'éclairs... Son livre, sérieux sous une forme étincelante et légère, fait la toilette d'une société, à propos d'un homme à la mode, et cette toilette peut passer pour une dissection >>-. Puis, s'élevant du Brumniell à l'ensemble de l'œuvre, Saint-Vicfor ajoute : « Le talent chez lui est si grand et si éclatant qu'il attire ceux-là mêmes qu'éloigneraient ses idées entières et altières. Le polémiste effraye souvent, l'artiste étonne et charme toujours. Au plus fort des coups qu'elle porte,