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que Trebutien publia dans le vohiino de Poésies paru à la fin do rannéo isni :

Néiiu|ilinr.s hlaiics, Ci l.vs des caii\ limiiides, Neiijo nioiifaiit du fond de leur fizur. Qui, sommeillant sur vos tiges humides, Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ; Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières Pour vous laisser rueillir... et vivre après. Nénuphars blancs, doiinez sur vos rivières. Je ne vous cueillciai jamais!

Nénuphars blancs, ù fleurs des eaux rêveuses, Si vous rêvez, à quoi donc rùvez-vous ?... Car pour rêver, il faut être amoureuses. Il faut avoir le cœur pris ... ou jaloux ; Mais vous, 6 fleurs que l'eau baii^ne et protège. Pour vous, rêver... c'est aspirer le frais! Nénuphars blancs, dormez dans votre neiire ! Je ne vous cueillerai jamais !

Nénu()hars blancs, fleurs des eaux engouidies Dont la blancheur' fait froid aux cœurs aidtMils, {i»\ vous plongez dans vos eaux détiédies Quand le soleil y luit, Nénujihars l)lancs ! P«estez cacljés aux anses des rivières. Dans les brouillards, sous les saules éjiais... Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières ! Je ne vous cueilleiai jamais ! (1)

Jusqu'à la fin do sa vie, Barbey d'Aurevilly conserva le culte de ce symbolisme attendri par où il a manifesté rimpérissable puissance de ses nostalgies mélancoliques. Imi 1X8(3,. il écrit ces vers :

(1) Poésies (éd. Trebutien, 1851). — Poussièreii (éd. Lemerre, 1897, p. 5.3 et 54).