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qui les aida autrefois dans leurs premières lulles et qu'ils oublieut maintenant qu'il ne peut plus leur servir. Sans doute, ils pensent que les vivants sont en bien trop grand nombre pour qu'ils aient le temps de songer à des morts, même à ceux qui leur témoignèrent de l'intérêt et de la bonté. Ils jugent cette reconnaissance inutile, et lorsque Barbey d'Aurevilly eut disparu de l'existence, ils enter- rèrent leur gratitude avec lui. Leur mémoire ne se souvient plus du jour où, la plupart échappés de leurs provinces, ils coururent vers Paris frapper à sa porte hospitalière et solliciter de sa bienveillance un encoura- gement à leurs espoirs. 11 leur était un merveilleux exemple d'indépendance, fière de toute sa solitude et de toute sa pauvreté. II était celui qui n'abdiqua jamais une seule de ses convictions en ce siècle où vraiment, ainsi qu'il le disait, il était venu trop tard, lui, l'homme de foi et d'héroïsme en une époque de veulerie et de scepti- cisme, intrépide chevalier de ses croyances, debout jusqu'à la fin pour les défendre avec le glaive de son esprit qui était terrible et la cuirasse de son mépris que les plus atroces injustices ne parvinrent pas à enta- mer» (1).

En définitive, — et pour résumer tous ces jugements, au fond presque identiques, d'hommes fort différents, — il semble bien que l'influence de Barbey d'Aurevilly sur son temps ne se soit pas manifestée très profondément. Elle s'est exercée, vers 1835, impérieuse et décisive, sur l'esprit maladif de Maurice de Guérin. Vers 1850, elle a marqué de son empreinte de jeunes talents aussi dissem-

'!) Louis DE Sai.nï-Jacqles. — Ej-perllses {La l'hune, 1" .iMil 1S98, |.. 207).