Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/312

Cette page n’a pas encore été corrigée

— :m —

juste, dansquollo mesure, — dit-il, — je crois cependant pouvoir prétendre i\\w I)arl)(\v d'Aurevilly a exerce une véritable influence sur la jeune littérature. Co que je puis ailirmer, c'est que tous les écrivains et artistes de ma génération admiraient, goûtaient, recherchaient sa prose et ses vers, le saluaient comme un maître unique de 1 "imagination et de la verve, do la pensée paroxyste et du style prestigieux. Pour moi, je le mets avec Baude- laire et Edgar Poe; à leur égal, il me passionn(\ me fascine et me hante. J'ai un culte pour ses ouvrages qui sont mes livres de chevet, les bréviaires de mon esprit... En somme, Barbey d'Aurevilly, tant par le fond que par la forme, parla noblesse de son naturel, l'inépuisa- ble, le neuf et l'imagé de sa conversation, par son génie tronveur d'idées et de formules toujours évocatrices, accidentées, surprenantes, a été, sans conteste, le grand original de son époque. Même ceux qui, par jalousie, se taisent à son égard, ont subi l'impression de cette personnalité nerveuse et mystique, si hautaine dans le mépris, si fondante dans la bonté, d'une distinction sou- veraine, d'un art sorcier, tout à la fois d'une modernité suraigne et du plus fastueux romantisme » (1). Et M. RoUinat parle, avec complaisance et gratitude, du « frisson » que les Diaboliques firent passer dans son âme.

Poui- corriger ce que cet enthousiasme d'un disciple ému pourrait [ivoir d'excessif, il est bon de s'adresser à un juge très calme, qui est en même temps un admi- rateur fervent, M. Edmond llaraucourt. '< J'ai beaucoup connu Barbey d'Aurevilly, — écrit-il. — Je l'aimais, car il était bon, sous son apparence impitoyable, et fut

(l) Lettre inédilc de M. Maurice Rolliiiul (14 juillet 1900).