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roiiKiiitique »: mais elle procède bien plus, ce semble, du romantisme « décadent » de Barbey d'Aurevilly que du romantisme « classique » de Victor Hugo. Le critique des Œnn-es et les JIoduhcs fut un des rares à comprendre le dessein esthétique et moral de M. Richepin : sans doute aAait-il d'excellentes raisons pour pénétrer d'un regard si sur les intentions du poète. Quant à M. Bloy, c'est sur ses débuts de polémiste que le batailleur acharné des PropJiètes dn Passé veilla avec le plus de soin. 11 le guida dans ses premières campagnes à Ydiiivri's et s'applaudif d'un si vaillant disciple.

Mais il ne rencontra nulle part ami plys zélé et auditeur plus fidèle que M. Paul Bourget. Les vers de la Vie /»7^^/?/(' paraissent inspirés des poésies de jeunesse de Barbey d'Aurevilly, plus que de l'œuvre même de Vigny ou de Baudelaire. Peut-être, à l'heure actuelle, M. Bour- get ne se souvient-il pas très exactement de ces fleurs printanières de son esprit adolescent, d'où s'échappait un pénétrant parfum de nostalgie incertaine et de confuses tristesses. Près d'un demi-siècle auparavant, Jules Barbey avait connu ces angoisses troubles, ces tortures sentimentales. C'est pourquoi il devina si bien les états d'à me imprécis du jeune poète et pressentit avec une merveilleuse intuition la précieuse beauté des fruits qu'ils enfermaient en germe.

11 est donc permis de croire à une influence positive et sérieuse de Barbey d'Aurevilly sur le talent naissant de M. Paul Bourgei. — non point sur le critique, qui passait pour un '< dillettante >/ sans doctrine, ni sur le romancier qui rêvait alors d'une psychologie sans entraves dogma- tiques, mais sur le poète delà vingtième année. M. Bour- get ne songe nullement à répudier ce parrainage, qui lui fait honneur; mais, à mon sens, il n'en a pas marqué le